SA PART DE RÊVE
Avec Alain Pons, dans l’œil du tigre…
La puissance évocatrice des noms aura fait naître bien des vocations… Ce fut le cas pour le jeune Alain qui, dans les années 50, rêvassait sur les bancs de l’école. Attiré par les sciences naturelles et la géographie, il s’imaginait les neiges éternelles du Kilimandjaro, les vastes plaines masaï, le dédale de l’Okavango et l’incroyable bestiaire qu’abritent ces sanctuaires… Garçon, il était doué pour le dessin, une voie toute tracée. Jeune homme, il s’éprend de la photographie qu’il pratique en parallèle de ses études d’arts graphiques, se promettant d’un jour partir à la découverte du vaste monde son boitier à la main…
Les grands espaces attendront qu’il en ait les moyens. Dans les années 90, sa carrière dans de grandes agences de graphisme les lui donne enfin. Il est prêt. Sa curiosité pour la nature lui a fait dévorer articles, ouvrages et documentaires. Connaissances qu’il confrontera au réel, sur le terrain, observant l’animal, décryptant son comportement, soucieux d’une approche qui soit la plus respectueuse possible. Collectionner les trophées d’images n’a pas de sens pour lui et c’est sans aucun doute cette philosophie qui lui aura permis de capturer les instants les plus magiques de la nature. Alain Pons se fait ainsi un nom dans la photographie animalière. Les plus grands magazines le publient, il est invité sur les plateaux télé : « la reconnaissance vous apporte ce droit de parler » dit-il, un rien gêné. Elle lui donne aussi la légitimité d’assouvir à 100% sa passion : pour faire de la nature son bureau à plein temps, il se fait précurseur et devient l’un des premiers à proposer aux voyageurs un encadrement photographique professionnel.
A l’aube de l’an 2000, c’est avec Etendues Sauvages qu’il poursuit l’aventure, partageant avec l’agence les mêmes valeurs, la même envie de transmettre, avant même son expérience de photographe, son amour et sa fascination pour l’animal. Plusieurs centaines de clients plus tard, à 70 ans, il ne s’en lasse toujours pas. Et le tigre dans tout ça ? « Ah, le tigre… Il réunit à lui seul tous les critères de la perfection. Sa puissance, sa beauté, sa grâce, sa façon de chasser en font pour moi l’animal suprême ».
C’est dans la sublime réserve indienne de Bandhavgarh qu’il vivra cette révélation dans un face à face mémorable avec cette force de la nature qui vous « transperce du regard » avec l’indolence du super prédateur. « Le tigre n’a pas peur de nous, il pourrait nous anéantir en quelques secondes ! Mais ce que l’on découvre lorsqu’on ne fait pas l’idiot et qu’on le respecte, c’est que c’est un animal extrêmement tolérant ». Un épisode le lui rappelle. « Nous étions bloqués dans la jungle, notre voiture était en panne et le jour commençait à décliner. Notre chauffeur tentait d’improviser une courroie de transmission à l’aide d’une corde. Concentrés que nous étions, nous n’avions pas remarqué qu’à 10 mètres à peine de nous, une tigresse nous observait. Nous nous sommes figés, le cœur électrisé. Elle nous toisait, sans aucune agressivité, nous l’observions, hypnotisés par sa beauté. Puis elle a tourné les talons pour disparaître dans la forêt. C’était impressionnant ! ».
Des anecdotes de ce genre, Alain en a vécu bien d’autres, en 4×4, à pied comme à dos d’éléphant, dans les parcs de Pana, de Ranthambore, de Kasiranga ou de Rajani-Corbett, qu’il a sillonné en tout sens en quête de nouvelles rencontres avec le seigneur de la jungle. A chaque fois, l’assurance de l’animal forçait son admiration, et son allure, sa fascination.
De cette liaison féline sont nés de fabuleux clichés. « Une foison d’images que je me devais d’utiliser ! ».
Auteur de nombreux guides sur les plus beaux safaris animaliers, il publiera quatre ouvrages de référence sur le tigre.
Un entretien réalisé par Lou Nine, pour expérience #07.
