Un tunnel sous le désert de Bolivie

Altiplano, Bolivie © Shutterstock
Altiplano, Bolivie © Shutterstock

Quel rapport entre un tunnel sous un désert, une île artificielle, une mer administrée par trois pays et un gisement de lithium ?
Réponse : la Bolivie.

En effet, deux projets actuellement en discussion en Bolivie, vont peut être changer la face de ce pays que l’on dit le plus pauvre d’Amérique du Sud.

L’un repose sur des éléments historiques, des rapports d’éminents économistes et une forte volonté politique.
Enclavé au cœur du continent, la Bolivie n’a eu de cesse depuis la fin du 19ème siècle de revendiquer un accès à la mer à ses voisins du Pacifique. A l’issue de la guerre du Pacifique contre le Chili, la Bolivie a perdu quelques 400 km de côte.
Or, selon un rapport d’éminents économistes américains, “un pays sans port perd chaque année entre 0,6% et 1% de son PIB”. Sur ces bases, la Bolivie a donc perdu 4 milliards de dollars au cours des dix dernières années !
Une peccadille financière qui renforce une volonté nationale farouche d’obtenir un accès souverain à la mer, objectif permanent de l’Etat bolivien et droit inscrit dans la Constitution du pays !

Aujourd’hui un projet audacieux de trois architectes chiliens est à l’examen : il concerne un tunnel de 150 km qui donnerait à la Bolivie un accès à la mer et règlerait par la même occasion les conflits maritimes entre le Pérou et le Chili.
Celui-ci passerait au nord du Chili sous la frontière avec le Pérou et déboucherait sur une île artificielle dans le Pacifique, réalisée avec les remblais du tunnel. L’île appartiendrait à la Bolivie et baignerait dans une nouvelle mer baptisée “mer de la concorde” qui serait administrée par les trois pays.

Source: « Atlas géopolitique des espaces maritimes », éditions Technip

Ainsi, la Bolivie posséderait enfin un débouché vers la mer lui permettant d’exporter ses matières premières (hydrocarbures et minerais), ce qui financerait en partie le coût du tunnel.

L’autre projet repose sur l’exploitation de gisement de lithium en Bolivie.
Ce minerai serait évalué en quantités très importantes sous le Salar de Uyuni, le plus vaste désert de sel du monde mais aussi au Chili et en Argentine. Les réserves de ces trois pays représenteraient officieusement 70% des réserves mondiales de lithium.

Considéré par beaucoup comme l’énergie de demain, le lithium est l’une des deux substances principales – avec le nickel – qui entre dans la composition des futures batteries électriques.

Rien d’étonnant alors que le cours du lithium ne soit passé en trois ans de 300$ à 3 000$.
Rien d’étonnant alors que le président Bolivien, Evo Morales, mobilise la presse et développe une politique de déploiement des investissements étrangers dans son pays.
Rien d’étonnant alors que Bolloré investisse en Bolivie pour sa voiture électrique Bluecar.

La Bolivie deviendra-t-elle une nouvelle puissance mondiale grâce à ces deux projets ? Rien n’est moins sûr.
D’un côté le projet du tunnel est réellement titanesque. Mais n’a-t-on pas construit le tunnel sous la Manche ?
De l’autre, les réserves sont déjà présentes dans le pays. Il ne reste qu’à les exploiter. Mais vite. Avant qu’une nouvelle forme d’énergie face son apparition.

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