L’appel de Samson

L'appel de Samson
L'appel de Samson

Samson était devant nous. Et nous n’étions pas très fiers.
Tout notre corps était tendu vers cet animal impressionnant, le plus vieux lion de la réserve nous avait dit Joseph notre guide. Le plus vieux, le plus vieux, peut-être, mais très imposant encore, et toujours plein de fougue si j’en juge à la manière désinvolte avec laquelle il avait grimpé au sommet de la termitière à côté de laquelle la voiture était arrêtée. Il s’y était installé, sûrement pour dominer la situation. Certainement encore pour nous dire avec orgueil et bâillement associé qu’il était ici chez lui et que nous n’étions que des intrus. Et cela ne souffrait aucune discussion possible, si tant est que quelqu’un eut prétendu ouvrir le débat. Il nous regardait parfois avec nonchalance, parfois avec concupiscence et il me semblait apercevoir alors, avec inquiétude, ses moustaches frémir de désir. Je remarquais étonné que la moustache de Grand-Pa ne ressemble pas du tout à celle d’un lion. Cela me fit sourire. Seulement intérieurement, car je ne souhaitais montrer aucun signe à cet animal qui aurait pu lui servir de prétexte à vouloir me lécher l’oreille d’un peu trop près.

Je scrutais Grand-Pa. Il n’avait pas cessé de fixer Samson.
Il avait depuis le début posé sa main sur le haut de ma jambe et la serrait un peu, mais pas trop. Juste assez pour pouvoir m’intimer l’ordre de ne pas bouger de la voiture si le danger venait à surgir. Peut- être aussi pour me dire qu’il était là, encore, et que rien ne pourrait m’arriver tant qu’il était à côté de moi. Façon bodyguard.
Et tout d’un coup, j’eus l’impression que le ciel s’abattait sur nous. Le tonnerre nous envahit. Vous savez, ce grondement sourd, au début lointain, puis qui se rapproche peu à peu jusqu’à vous faire vibrer. Mon corps tressaillit quand Samson commença à rugir. Un rugissement fascinant, car à la fois effrayant et impressionnant. Chaque expiration puissante de son corps était une intimidation qui m’était destinée. Je le ressentais au plus profond de mes entrailles. Et j’en avais le souffle coupé. J’avais peur !
Grand-Pa m’avait dit en faisant ma valise : « Tu vas voir, tu vas vivre des expériences comme jamais en Afrique ». Pour un peu, je l’aurais cru !

0 replies on “L’appel de Samson”